Le laiton

Pièce de Myanmar (Image : Etna-Mint)LAITON (Autres noms : Orichalque, aurichalque, tombac, archal, bronze florentin, bronze vénitien, cuivre jaune, similor, pinchbeck)
Appelé également Aurichalque (ou Orichalque) pour le laiton des monnaies antiques. Ethymologiquement, aurichalcum vient du latin aurum (or), il signifie "cuivre d'or" de par sa couleur jaune-or. En grec, il se traduisait par oreikhalkos (laiton), oros la montagne et khalkos le cuivre. Tombac vient d'un mot malais.

Le laiton est un alliage de cuivre et de zinc (jusqu'à 46%) pouvant parfois contenir des traces d'étain. Il est de couleur jaune, se confondant avec l'or. Le tombac est un laiton fait de 80- 90% de cuivre et 10% de zinc, des traces d'arsenic (que contenait parfois le minerai de cuivre) ou d'autres métaux ne sont pas exclues ; il est originaire du Moyen Orien. Quant au bronze florentin (ou vénitien), il se compose de 85% de cuivre et 15% de zinc.


Origines, découvertes et premières utilisations

Cet alliage est utilisé depuis 3400 ans en Palestine. Les Romains savaient déjà faire varier sa composition. Pline l'Ancien considérait l'oricalque comme un minerai de qualité, existant à l'état natif. Il écrit que c'est à partir de lui que l'on extrait le cuivre. A l'époque de la rédaction de son Histoire naturelle (Ier siècle apr. J.-C.), l'auteur latin affirme que les filons d'auricalque sont épuisés.


Premières apparitions monétaires

C'est au cours du Ier siècle avant notre ère que le laiton devient un alliage monétaire dans quelques régions de l'Asie Mineure. Plus tard, il se répendra dans toute l'Asie et l'Europe. Les premières pièces en laiton sont émises au Sud de la Mer Noire, dans le Pont. Leur frappe est intéressante et inhabituelle car le bronze primait à l'époque.


Pièce en laiton d'Amisos (Act. Samsun)
Emise sous Mithridate VI vers 85-65 av. JC
© Marc Breitsprecher

Diamètre réel : 22mm - Poids : 7,9g | A. : Bouclier avec une tête de Gorgone au centre | R. : La Victoire avançant à droite

Plus proche de nous, des études récentes montrent que des monnaies arvernes ont été frappées en orichalque. Certaines, au nom de Vergingétorix sont même issues d'un coin qui, d'ordinaire, frappait des statères en or 1. Il semblerait que ce soit un fait unique dans le monnayage gaulois. L'hypothèse d'un monnayage obsidional (contexte du siège d'Alésia) est proposée. La seule chose certaine, c'est qu'il s'agit d'un monnayage exceptionnel.


Le laiton et la numismatique

Des études expérimentales ont montré que le laiton a été employé intentionnellement par les Romains. Les plus anciennes pièces en laiton romaines datent du règne de César, approximativement vers - 45. Mais ce n'est que sous Auguste (-27 à 14), que la frappe de ces pièces va devenir importante.

L'empereur Auguste réforme le système monétaire romain en -23 en prenant pour base celui de la République. Il désire notamment réformer les pièces en bronze dont la valeur avait terriblement chuté au cours des deux derniers siècles. Il officialise donc l'utilisation du laiton, que les romains appellent aurichalcum (orichalque), pour les monnaies du nouvel Empire en substitution du bronze. Il concerne la frappe des dupondii, des sesterces (autrement dit les divisionnaires ayant la plus haute valeur, devant les as et les quadrans) et parfois des semis.


Dupondius de Trajan
© Zach Beasley

Le dupondius ne pesait que 13g contre 11g pour l'as de cuivre ; en effet le laiton avait une valeur plus importante que celle du cuivre. Etant donné qu'il fallait de plus en plus de divisionnaires de bronze pour arriver à une pièce d'argent, il est possible que l'introduction du laiton soit une question d'économie de cuivre.

Les Ibères firent de même en adoptant l'alliage jaune tout en conservant le bronze, prédominant, et l'argent.

Toujours au Ier siècle, le protectorat romain du royaume de Bosphore émettait des pièces en laiton en parallèle de celles en or si bien qu'on pourrait parler de « monnayage jaune ». On pourrait penser que la frappe de monnaies en laiton ait été apportée par Mithridate VI, qui a envahi le Bosphore en - 107.

Le laiton était donc bien ancré dans les cultures monétaires du Nord de la Mer Noire. Au IIIe siècle, des tribus scythes (relations plutôt bonnes avec Mithridate VI), goths, thraciennes et sarmates frappèrent des imitations en laiton de monnaies romaines qui réussirent à circuler.

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La composition du laiton de quelques monnaies romaines au fil du temps :

PériodesCuivreZincAutres métaux
23 av. JC77,4%21,9%0,7%
39-4081,0%18,6%0,4%
96-9884,7%13,6%1,7%
14186,3%12,7%1%
154-15586,5%11,1%2,4%
161-16289,0%7,9%3,1%
L'étude d'un tel tableau montre tout d'abord que le titre en zinc baisse continuellement. Vers l'an 200, date à laquelle les Romains stoppèrent la frappe du laiton, les pièces s'apparentent plus à un cuivre allié à de divers métaux (dont l'étain).
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Fréquemment utilisé à la fin du XVIIIe siècle pour des jetons et des jetons de compte (c'est aussi au XVIIIe siècle que des jetons deviennent hexagonaux ou octogonaux). Dés le XIVe siècle, il n'était pas rare de trouver sur des jetons de compte royaux des légendes comme "Je suis de laiton à jeter".

Le pinchbeck est un laiton bon marché (principalement du cuivre allié avec un peu de zinc) inventé au XVIIIe siècle comme imitation de l'or. Il a plus servi pour les médailles que pour les pièces.


Propriétés du laiton

Alliage ductile et malléable.

La proportion de zinc influence divers points comme :
- la malléabilité
- la ductibilité
- la résistance à la corrosion
- la couleur
- l'adhérence à la patine
- les conductivités électriques et thermiques, plus la proportion de zinc contenue dans l'alliage est importante, moins la conductivité électrique sera importante (car le zinc conduit moins facilement que le cuivre).

Composé à majorité de cuivre, l'oxydation du laiton prend une couleur verte.


Utilisations actuelles du laiton



Note sur la monnaie illustrant la fiche

50 pyas de Birmanie (Myanmar) 75-76 commémorant la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations ; Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture). L'avers montre un plant de riz.

Image : Etna-Mint


Notes

1 : c.f. Nieto Sylvia, « Monnaies arvernes (Vercingétorix, Cas) » en orichalque, in Revue Numismatique, n° 160, Société Française de Numismatique, 2004, 21 p.



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Mise à jour de cette page : 24 novembre 2008